le casernement

 

Chaque fortification, que ce soit un château-fort, un fort Vauban, Brialmont, Séré de Rivières ou  Maginot, possède une caserne, car il faut bien loger les gens, les nourrir, les soigner, les héberger complètement si l’on  veut qu’ils soient disponibles. Il faut aussi les protéger :   les casernes  de la Ligne Maginot sont enterrées dans 30 à 40 mètres de terre argileuse ou 10 mètres de roche calcaire, à l’abri des coups de 420mm qui peuvent atteindre la profondeur de presque 10 mètres dans la terre avec leurs 1100 kg de poids (dont 120 kg d’explosif brisant). Il faut aussi placer la caserne assez loin des lieux de combats et de bombardements, «au calme », en arrière : on l’installe à proximité des entrées et de l’usine, à 500 mètres ou un kilomètre en arrière des blocs de combat. ( " souvenirs de Verdun")

 

 Dans le fort du Chénois, la caserne se situe vers le Mamelon, sous 30 à 40 mètres de terre et roches calcaires.  Elle est située à 200 mètres du bloc B 7 Entrées,  100 mètres après le blockhaus de galerie destiné à battre la galerie d’entrée par le feu d’un fusil-mitrailleur, en cas d’intrusion ennemie  par le bloc d’entrées B 7 .

 

 

       - sur la gauche de la  galerie : les douches, carrelées, frises en carreaux verts en haut ; elles permettent de traiter les «Gazés», hommes atteint par les gaz de combat  (traitements particuliers sur les hommes, nus, effectués par le service sanitaire, et sur les vêtements, par l’équipe «Z») ; douche de pré-dégazage située au Bloc B 7-Entrées, juste derrière la porte Hommes, le seul endroit où un homme peut se faire atteindre par le nuage de gaz : douche rapide au pulvérisateur " Vermorel", puis douche chaude sur les vètements, puis le gazé se déshabille et part " en caleçon" à l ' infirmerie , en bas,- caserne , afin de se faire examiner par "le toubib" et traiter...

 Il est à remarquer, et faire remarquer, que dans les gros ouvrages se trouvent des douches pour les soldats, et que nous sommes en 1930-35 alors qu’en 1960,  '( 30 ans plus tard !) en France, il n’y avait de salle de bain, ou d’eau, que dans  5°/o des logements !!!  (Et d’ailleurs, en 1964-65, en Allemagne, les soldats français, Chasseurs, se lavaient PEU, ou très peu).

 - Les casemates n'ont pas de douche , ni pour la toilette, ni pour le traitement des gazés, voir " témoignage de Maurice Mathieu ; les gazés sont traités - aspergés par le préposé " Z" , semble-t-il au dessus du puisard , prés des W.C , au sous-sol...

  Ensuite, on pénètre dans la partie dortoirs –hommes de troupe (3 chambrées pour quelque 150 à 180 hommes, la « couchette chaude » étant de mise , comme dans les sous-marins !) ; frise aux murs composée de caricatures de soldats (photo de « Tintin » ?, prise il y a 30 ans)  Les chalits sont les mêmes que ceux de la fortification Séré de Rivières , fin 19 eme siècle ; voir à ce sujet : " fort de Froideterre", par exemple dans " fortif française .be ". Actuellement on ne peut pénétrer, car, parait-il, d’après le Conservatoire-Natures, il y a dans les casernes des nichées de chiroptères rares , donc protégés ; lors de notre descente du 6 Mai 2009 ,avec le conservateur du site , nous n’avons  pu aller dans les dortoirs , et nous n’avons vu que deux chauve-souris qui dormaient tout leur saoul , accrochées à un fer, nullement dérangées  par le passage d’une dizaine de personnes, calmes ). ( en Mai , elles logent dans l ' escalier du bloc B 1, prés de leur nourriture des bois et patures)

Ensuite on pénètre dans des chambrettes pour les sous-officiers, qui dormaient là six par six, puis , pour les officiers, deux par deux ; luxe suprême, il y a quelques photos (calcitées) collées aux murs, (pas de nues), et un carrelage faux, peint, au dessus d’un petit lavabo ! Quelle joie ! 

 A côté, se trouvent les «commodités» : lavabos en béton à eau froide, et cuvette WC  à la turque ; seuls les officiers ont un siège ; les WC sont associés à une cuve Asepta, à soude. Il y a aussi des urinoirs muraux . Chacun a droit à une dotation de SIX feuilles de" papier de soie" par jour, pas une de plus ! . Dans le pays,   à l' époque , c’est la Dépêche du Midi, ou l’Echo d’Alger , ou "les Nouvelles du Poitou" ,ou autre canard local !!! qui servent à s' essuyer le séant  ); il y a SEPT W.C dans la caserne, dont un au bloc-cuisine, chose encore rare en France; cette relative abondance vient de " l ' effet Fort de Vaux" , ou Tunnel de Tavannes, - 1916- , où les gens avaient beaucoup de problèmes d' insalubrité, " d' incommodités" ce qui affecte moral et santé, du fait du manque total de toilettes abritées  et saines ( chaque bloc à son W.C)  ( dans les forts , les gogues étaient dehors , dans le fossé, dans les " guérites à tinnettes", ou contre le mur, exposées aux coups...) ; un peu plus loin se trouve l’infirmerie, et le local du médecin et des deux infirmiers. Il n' y a pas ,comme dans les " gros " ouvrages de Lorraine , plus PUB qu' efficaces , tout l' assortiment de santé tels que ,: hopital , bloc opératoire et scyalithique , cabinet dentaire , salle des rayons ultra-violets, avec une photos des soldats couchés en rond avec le toubib et son képi rouge, assis sur sur une chaise et qui contemplait les culs nus des patients qui bronzaient au soleil artificiel de la Ligne Maginot ! çà devait bien faire rire les Allemands , pragmatiques , propagandistes, mais sensibles aux exés... A l ' infirmerie, dans un local annexe, on traité les atteints par les gaz, particulièrement ceux susceptibles d' avoir été en contact avec l ' ypérite. Voir note bas.

Tout ce qui constituait l’équipement : lits, étagères, tablettes, a été enlevé par les Allemands en 1941, sauf l’utile pour eux, puisqu’il y avait une petite garnison de garde  du fort,  et une autre pour le radar du bois du Chénois.(Luftwaffe).

Voir , au sujet des ferrailles, des Todt , des récupérations diverses, du rapt de la France, et divers...." 50 kg d' or dentaire récupérés par ( sur !) 5700 déportés tués !" ( c ' est la moyenne ) : "tableau des importations de matières premières par la Suisse,...et par l' Allemangne"....

   

  - sur la droite de la galerie : la cuisine, avec sa cuisinière électrique, (il y en avait une, aussi, à charbon), la souillarde, derrière (évier à vaisselle), les chambres à vivres, les chambres froides, réfrigérateurs contenant trois mois de viandes et nourritures , et le local "Intendance et gestion" (vivres secs)...La cuisinière a été déménagée entière , certainement aprés la guerre ; pour ce faire , les pillards ont démoli-agrandi la porte ( la cuisinière avait été montée pièce par pièce par l' installateur) ; une semblable se trouve dans les cuisines majestueuses du chateau de Chenonceaux , utilisé en 14-18 en tant qu 'hopital militaire , concédé par les propriétaires , les chocolats Menier! ).( petite Histoire.....) 

 Note : les cuisines ONT : une cuisinière électrique , une éplucheuse à patates, un percolateur à café, une rotissoire, un four électrique, un frigo, un chauffe-eau ,etc, etc : en 1930 ! 1935! , toutes choses qui apparaitront en France  TRENTE ANS plus tard !  chez " la ménagère type"

    Toute la construction est faite en alvéoles plus ou moins grandes ou longues, salles voutées, pour résister à la pression des sols, et aux explosions dix à vingt mètres plus haut, qui pourraient avoir lieu ( l'obus de 420 mm allemand, Krupp , descend dans l'argile jusqu'à 9 à 10 mètres de profondeur , contient une centaine de Kg d'explosif, donc affecte une quinzaine de mètres de sols; l'obus de 420 mm est l'arme la plus puissante connue à l'époque ; les Anglais , plus tard, en 43-44 , largueront des Tall-Boys, de six tonnes, par Halifax ou Lancaster, qui iront "casser" jusqu'à 30 mètres de profondeur!.. " mais c ' est une autre histoire").. Ces petites alvéoles , espacées dans le sol de trois à quatre mètres, trois à quatre mètres de haut, autant à la base, ont la même structure que les tunnels de voies ferrées, routiers, canaux, égouts ; les parois sont élaborées en pierres maçonnées, " de sur place", calcaire jaune, bajocien, genre celui  extrait des carrières de Dom le Mesnil , 60 à 80 cm d'épaisseur des murs , enduites, et enduits à la sikalite pour étanchéfier; une petits rigole au pied des parois draine les fuites, et les conduit au collecteur principal en galerie, qui passe entre les rails, le dit collecteur -buse en béton de 40 cm de diamètre- se calcitant de plus en plus, avec beaucoup-beaucoup d'eau , le "bassin drainant " faisant une vingtaine d'hectares !  (il faut voir comment et combien CA COULE comme eaux aux sorties -régulière , et accidentelle, de l'égout principal  qui se jette dans le ruisseau de la Guerlette).  

 

 - Dernière nouvelle , toute fraiche , ( et humide ) d' écrits d'un " électromécanicien de Carignan , "rappelé lors de la Crise des Sudètes - 1938-, et stationné au Chesnois , pendant un an ": "Quelquefois, le matin , au lever, aux pieds des lits , dans le dortoir du casernement , il y avait jusqu'à une dizaine de centimètres d'eau , car la buse d' égout ne pouvait tout absorber!"....(Carignan,3 Mai 2013). - c'est le problème du P.O La Ferté , avec une buse de 15 cm !; au Chesnois la buse d' égout- collecteur fait 35 cm de diamètre , mais celle de sortie , dans la Guerlette , ne fait que 15 cm! Heureusement que les " déboucheurs-débloqueurs " de la Kriegsmarine - scaphandriers venus de Kiel , pour déboucher la galerie d' égout, cimentée le 13 juin 1940 - ont fait péter la fin d' égout, ce qui a fissuré la galerie d' égout, en bout de conduit ...laissant ainsi l'eau s'infiltrer et s'enfuir ...." sous- marin terrestre"...

 

 Equipage du fort

-  français : en temps de guerre: moins de 400 hommes dont  8 officiers et 25 sous-officiers, environ ; -  -  garnison allemande  après 1941: semble-t-il : une section d’infanterie de garde,(soldats âgés), une section de la Luftwaffe, servant le radar , à partir de 1942. Il  y eu aussi des « Todt », travailleurs âgés, ou travailleurs forcés, ou prisonniers qui  ont œuvré dans le fort, pour ôter ferrailles ou moteurs, équipements récupérés par les Allemands, et surtout  extraire les rails des réseaux anti char qui  partaient en fonderies en Allemagne : le champs de rails, sur six rangs, allait de la zone d’inondation de Sedan-Douzy jusqu’à  la Suisse, à côté de DELLE , soit plus de 500 km de «  champs d’asperges ».Les prisonniers-ouvriers en ont oublié quelques uns, dans les parages.

 

  ...La caserne n'est que la transposition souterraine des casernes des forts Seré de Rivières, mais aussi , la transposition littérale du système allemand de 1914-18 , cité par Ludwig RENN dans " Krieg" : " A côté de notre abri , nous creusons un puits dans la craie...On entreprend de grands tunnels souterrains...(pour contrer) les bombardements ...et la nuit , on déverse derrière la tranchée les sacs pleins de craie", page155 ,KRIEG 1928 ( Renn était officier saxon, le roman est, soit disant anti-militariste - mais il n'est pas pour la guerre- !; Communiste, il s'est exilè, mais  ses livres n'ont pas été "autodafés" par les nazis; contemporain et ami de Erich-Maria Remarque "A l'ouest rien de nouveau".-

 

 Ypérite : voir bon article dan l' Ardennais-l'Union du 14 Octobre 2015 " spécial 14-18" : " ces gaz de la peur et de la mort";  " l ' ypérite de l ' effroi" : - "liquide huileux ,jaune , couleur d' ail,...ou de moutarde,...se disperse en aérosol, provoque sur la peau des cloques ,...douleurs insupportables , irritations , les paupières se ferment, hémmoragies internes et externes , agonies durant des semaines,...il n ' est pas nécessaire de l ' inhaler pour être atteint , le simple contact avec la peau suffit,"...Deux cents tonnes d' ypérite ont été produites en moins d' un an...50;000Soldats sont morts des gaz.....C'est pour celà que tous les ouvrages de la Ligne sont étanches , avec une atmosphère en surpression légére , 1,1 bar, avec des ventilos, des filtres , des tuyaux en veux-tu en voilà, des vannes, des moteurs électriques pour la circulation, des aérorefroidisseurs, et ....des groupes électrogènes puissants, donc : des réserves, des cables , des transfos, des redresseurs, des électromécaniciens, des mécanos,.... etc etc....  Voir , site " la guerre des gaz".

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