- Patrimoine 2019 ; " J'ai 84 ans, je suis native de Thonne le Thil, j'habite maintenant Verdun, d'où j'arrive, dans le but de visiter le fort du Chénois où mon pére a été en garnison avant la guerre et pendant la guerre. Il était donc affecté au fort, je ne sais pas ce qu'il y faisait en tant que simple soldat. Mais un jour, il a manqué d'un homme à la garnison du Petit-Ouvrage de Villy la Ferté. Et le capitaine AUBERT, qui commandait la Compagnie d'Ouvrages ,la C.O 3, c'est à dire toute la ligne des casemates de Margut à Guerlette, avec le P.O la Ferté et le G.O du Chénois, a envoyé mon pére, " seulement pour quelques jours" au P.O La Ferté. L'affectation provisoire a débuté le 10 Mai 1940 , c'est à dire le début de l'offensive allemande sur les forts d'Eben Emael, la Belgique, et les Pays Bas...Et en fait d'affectation provisoire , ça a été une affectation définitive et mortelle, puisque mon père a péri dans la nuit du 18 au 19 Mai 1940 au fond de la galerie de la Ferté. On ne l'a' jamais retrouvé.
Sauf, que ,par la persévérance du fils du Lieutenant BOURGIGNON, chef d'ouvrage, disparu lui aussi ( "avec des commentaires divers, et calomnieux à son égard, c...oblige!), un Allemand qui avait sorti des cadavres du fort, est venu sur place en 1973, et a désigné l'endroit où les Allemands " s'étaient vite débarassés des cadavres, et rapidement, car les Français nous tiraient dessus à l'artillerie" ; "on a trés vite mis les corps dans un grand trou d'obus et jeté un peu de terre dessus car les obus français tombaient sur les superstructures du fort"
Et en 1973 ,des fouilles furent entreprises et quatre dépouilles-ossements furent sorties du trou; deux personnes furent identifiées : les restes du Lieutenant Bourguignon, par son sifflet et autres, et les restes du soldat B...par sa dentition;en effet, son dentiste, requis, lui " reconnut son travail fait sur ses machoires "tout début 1940, alors qu'il avait 24 ans" . Marie-Thérése B;;;" j'étais là, en 1973 lors des essais de reconnaissance des restes, et lorsque le dentiste, grace à ses fiches a reconnu mon père, il a aussitôt fondu en larmes".
" Et puis nous avons emporté chacun les restes de nos pères"....Et les deux autres non identifiés sont au cimetière..
" Quelquefois, avant, je venais ici avec des amis, et je restais devant le fort, plantée là, dans mes idées et mes souvenirs, en pensant à mon père que je n'ai plus revu"....
Une autre personne est venue d' Amiens: " je cherche à venir depuis longtemps au fort, parceque mon père y a été, mais le fort est rarement ouvert, et j'habite loin; pas évident. Mon pére était sous officier observateur, je ne sais pas où;;
Il est parti comme tout le monde les 12-13 Juin 1940 vers Verdun, aprés que les cartouches de 75mm et toutes munitions transportables soient parties à Verdun, repliées, où on devait "tenir dans les forts de Verdun" On a tout cassé à l'intérieur avant notre départ, et jeté -enfoui plein de machins sur nos chemins de repli, repérés.". On comptait revenir aprés s' être refait en arrières", " A Verdun, on s'est fait balayer en un jour! par les avions et les chars" , et nous sommes partis dans les Vosges pour nous faire pincer du côté de Charmes, Vézelise, "pour cinq ans tout frais payés en Allemagne", dans une ferme, " otages-prisonniers"...Voilà voila notre jeunesse Mais on est rentré vivant"..Mon père est mort depuis quelques temps; mais il aurait voulu revoir le fort, dont il me parlait quelquefois".
.