- Le cerceuil, des barbelés , l'Anglais.... ( mis par erreur, oubli, là, au lieu de le placer dans "Témoignages"...c 'est l'âge...ou Novembre...)
- C'est une histoire qui me hante depuis ....1957 ou 1958, et qui n'a qu'un faible rapport avec la Ligne Maginot, mais un grand rapport avec la guerre, la deuxième, trés mondiale, et son abomination...
J'étais trés jeune, 15 ans...et mon père, Capitaine de la Coloniale ( " Au nom de Dieu, vive la Coloniale!") , me voyait...de temps en temps, c'est à dire, presque jamais, du fait des campagnes, et des guerres-nombreuses- de la République, guerres dont elle ne savait pas se sortir- Parlement, parlementaires, lobbies, colons, et patati, et intérêts vitaux aussi pour le pays, à certains moments... En conséquence , vie dans les Corbières avec mon Papé ( un vrai Papé, pas celui comme Yves Montand dans "Manon des sources"...) et vie de cantines, lits de soldat-chalit-GMC, jeeps,Laffly, Latil, Harley-Davidson, la vraie, la militaire U.S, truck Chevrolet,...side-car Zundapp, pan-pan-pan. bus-autocars ahanants de Grande Kabylie ( "c'est chez moi!") ou l'INOX, le train d'Algérie...Prisonniers allemands patissiers au Camp des Guarrigues en 1947, tirs au mousqueton, à l'U.S 17, à la KAR 98, à l'Hotchkiss, Dodge WC 51, 52, araba, mules, tentes-guitounes, gamelles de toutes nationalités,forts,...quand m^me! c'était " la vie à l'envers", de l'autre côté du décor!...; quand même - pas tiré au canon de 57 mm, au 81 et à la 12,7 , quand même!).
Donc, mon père m'avait emmené avec lui - militaire-solitaire forcé!- dans sa garnison de Dinant, en Bretagne, où il souffrait ( vraiment) comme vieux Capitaine, directeur de l'instruction d'un régiment d'infanterie, lequel ?, chez du Guesclin. Nous mangions à midi au Mess des Officiers de la garnison, officiers tous aussi paumés que mon père, vertueux- venant de tas de coins, sans famille, quasi clochards...( avec le recul, c'est ce que je pense) . Les Sous-Officiers étaient mieux lotis... Ils aimaient tous l'armée, " notre armée; et notre pauvre France!"... Il y avait, parmi tous ces Officiers, un Capitaine de la Colo, maigre, nerveux, sec, Médecin de Santé Navale.
Il racontait souvent sa vie et les temps...
Quel rapport avec la Ligne Maginot ? Il avait été "le toubib" ( à l'armée, il n'y a pas de médecins! il n'y a que des toubibs, et ...le Major! c'est comme ça, et pas autrement!) . Donc ce toubib-Capitaine avait débuté sa carrière, vers ses 25 ans, comme sous-Lieutenant-toubib " dans une casemate", comme il disait...peut-être dans les P.O du Nord, Eth, ou ceux de Maubeuge....Arrivent les Allemands, à grande vitesse et grands fracas,;et il se retrouve à opérer les blessés du côté de la Bassée: " j'ai opéré pendant deux jours sans m'arrêter; puis crevé, à bout de nerfs, je me suis effondré dans un talus et j'ai dormi dormi dans le vacarme ; au dessus de moi, de l'autre côté du talus, il y avait un groupe de canons de 75mm qui tiraient, tiraient pour interdire les bords du canal de la Bassée, vers le sud...; à côté de moi il y avait un infirmier, effondré lui aussi de fatigue et de peur; le lendemain matin, ses cheveux étaient devenus tous blanchis. ( c'est au moment de la " Poche de Lille", avant Dunkerque ) ..
J'ai revu la même chose en Tunisie, fin 1943 ? à l'occasion d'une affaire stupide et abominable...dont j'ai été le spectateur, et que j'ai laissé faire; affaire abominable.... Nous étions à l'instruction avec des matériels de bric et de broc, américains, anglais, italiens, pris aux Italiens, et allemands, pris aux Allemands par les Alliés; du matériel français, il n'y en avait plus, il avait fondu lors de la campagne de Tunisie, où la pauvre armée française combattait aux côtés des Américains ( " pas trés bons!") ( c'est aprés la bataille de Bir-Hakeim) ; moi ,j'étais Médecin Lieutenant; j'avais été fait prisonnier, mais je " me suis fait la valise" trés vite, parlant trés bien l'allemand; on pouvait vite d'ailleurs facilement s'enfuir des colonnes de prisonniers, les Allemands étant ailleurs et en sous-effectif pour encadrer les colonnes de prisonniers...; et je suis reparti " aux Colonies" dés 1941; et en 1943, aprés le débarquement U.S en A.F.N, l'Armée Française se reconstruisait aux Colonies...avec des bouts de fils de fer. Armée de clochards : shorts anglais, godillots français, chemise U.S 1918,casque 1934 kaki, gourde italienne, et carabine U.S M 1 !....la cloche !( photo de mon père).
" Nous étions en Tunisie, sous la coupe des Britanniques; Anglais qui n'aimaient pas les Français " puisque les Français avaient abandonné la guerre fin Juin 1940!" dixit eux ( alors qu'ils avaient abandonné la France début Juin 40! et c'est eux qui avaient déclaré la guerre à Hitler, entrainant Daladier...) ; donc les/des Anglais ne nous aimaient pas; et en particulier un, tout roux, instructeur sur les chenillettes Carden-Lloyd, les Bren Carrier ( qu'on ne pouvait d'ailleurs pas payer, car pas de sous, bien que les Américains aient l'or de la Banque de France gardé aux USA, or- 4500 tonnes, or embarqué dans le Richelieu à la débacle et mis à l'abri aux dits U.S.A ) . Bref, cet Anglais nous empoisonnait, nous tenaillait, nous emm.....Et moi, toubib, j'avais des périodes d'instruction sur mon Bren-carrier-ambulance, pour aller chercher les blessés sous le feu; pauvres blessés, car ça secouait dur,; mais c'était mieux que le brancard porté par deux pauvres types, cibles faciles, " on en descend trois d'un coup"...L' Anglais était horrible, horrible, infect ; mais " il tapait dans la gourde". Un soir, quelqu'un l'a appaté; en rigolant, on l'a saoulé; ivre-mort au pinard, il a été "achevé"; et il y avait dans l'immense camp tunisien où nous nous trouvions des cerceuils - c'est pour les tués- et des barbelés- c'est pour faire des obstacles-, qui devaient partir vers....on ne sait pas où, peut-être vers la pointe du Cap Bon, les Allemands y résistant encore...On a mis l'Anglais ivre-mort dans un cerceuil ( non cloué fermé!), entouré de fils barbelés, avec un écriteau, puis tout ça dans le convoi de camions qui partaient...Le lendemain, les destinataires ont vu la chose au débarquement des" marchandises". Le pauvre Anglais en est sorti vivant, un peu à moitié fou; et de roux-roux-trés roux, ses cheveux étaient passés en une nuit à blanc-blanc. Il y avait de quoi; le pauvre gars a dû souffrir l'horreur, même s'il était horrible. Mais, à cette époque, la vie d'un homme ne valait RIEN. Rien du tout".....
Dans le fort du Chénois, au B7 au droit de la salle-radio du RDC, il y a au sous sol, le fil d'antenne y descendant, une autre salle radio, celle des écoutes des communications radio ennemies; le sergent Webert , paralant allemand, y est resté une année durant ( "pas tout le temps quand même); au bout d'un an, ces cheveux étaient devenus tout blancs, blanc à 25 ans..( propos de son fils, JEP 2012).
Ce toubib-Capitaine racontait des histoires pas possibles; pas possibles pour un civil, un "péquin"; mais tous avaient - Officiers, Sous-Officiers- des histoires abominables, grotesques, ridicules,drôles, hilarantes ; c'était le lôt de leurs vies, pas drôles, car ils marchaient tous avec une compagne, la mort .Et en plus, à cette époque,19 57-58 il y avait " les évènements d'Algérie", nom pudique mis sur une "sale affaire"...S C.M 13Nov21. ( En Algérie, en 1950...-qui n'était pas une "colonie", mais la France...bien que ce soit ...une France à deux vitesses, mais sans commentaire ni + ni -..., à Tizi-Ouzou - capitale de la Kabylie, et de la Grande Kabylie, il y avait un bordj, le Bordj, ce qui veut dire : le fort; c'était un ancien fort turc, les précédents occupants de l'Algérie étant la Porte, mais avec " une colonisation légère"...les indigènes devaient payer l'impot aux occupants turcs, et à la dite Porte, sans plus; les douves de ce bordj avaient été comblées de détritus, ordures; et les occupants du fort, l'Armée française, en avait fait un immense jardin, avec des tas de légumes; les salades, pour les faire blanchir, splendides salades, qui étaient toutes protégées, comme d'autres plantes ,par une quyrielle de tous les casques de la création: casques Adrian ,bleus, à boulons, 1934, allemands 1935 ou 36,ou autre, casques anglais, italiens, U.S, japonais, coloniaux en liége, des plats, des hauts anglais...Deux bonnes centaines de casques, soulevés pour laisser passer l'air, tapissaient les douves, et tout ça pour produire des salades splendides...)