Maurice MATHIEU

     Sergent Maurice MATHIEU et son épouse

                       

Monsieur Maurice MATHIEU,  nous a reçus à son domicile de Saint Menges, en présence de son épouse:

Il s'était manifesté à la suite de l’article paru dans l’Ardennais-l’Union du 3 Aout ,a sous la plume du journaliste Guillaume LEVY :  "un Anglais tombé amoureux de la Ligne Maginot ». il témoigne de l'état du fort  du Chesnois en 1937. 

       -«  J’ai servi sur la Ligne Maginot avant la guerre, j’ai participé un peu à sa construction et je l’ai vu construire dans les environs de Montmédy, car j’étais au 147 eme régiment d’infanterie de forteresse, secteur fortifié de Montmédy ».

          «  Je suis né en 1915 ; de septembre1936 à aout 1938, j’ai effectué mon service militaire à Montmédy ; j’étais dans l’Infanterie et j’avais comme chef de compagnie le capitaine de Rocigny ; j’ai été rappelé pour des périodes de quelques jours ; j’ai été rappelé en 1939, et pendant la « drôle de guerre » , j’étais à Sedan, au P.C à Torcy, puis en 40, au P.C dans le bois de la Marfée ,Chef de bataillon Carribou, à la compagnie hors-rang du 147 eme Régiment d’infanterie de forteresse, régiment organique du Secteur fortifié de Montmédy ;entre-temps, j’avais fait le peloton-d’élèves-gradés et j’étais passé sergent; j’ai vu, de mon observatoire du P.C, aux binoculaires, les Allemands descendre de Saint-Menges prendre un coup de canon en plein sur la route devant des véhicules ; les chars ont contourné le cratère et ont continué .Ensuite il y a eu, après des combats, le décrochage de la position de la Marfée, la retraite , en ordre, vers  l’intérieur ; j’ai ensuite été démobilisé dans la région de Romaziéres; en 1942, j’étais rentré dans les Ardennes et je me suis marié à Sedan. J’ai été à nouveau requis en 1945 pour garder des prisonniers allemands à St Germain la Poterie, prés de Beauvais. Puis je suis revenu à Saint-Menges pour exercer dans l’agriculture.

-          …A Montmédy, lors de mon service militaire (chambre 13, rentré à 13 heures, matricule 32-13 et mousqueton numéro 83-113, sacré mémoire) après l’instruction, nous avons été affectés à la Ligne Maginot ; et nous nous rendions, à pied bien sûr, aux casemates de Thonne-le-Thil, à une dizaine de kilomètres de la caserne, en empruntant, en colonnes et au pas cadencé-bien sûr- la route nationale 43.

-           Et là, sur la Ligne , nous gardions les casemates ; moi en 1937,simple soldat, avec  l’équipe dans laquelle j’étais, nous faisions des relevés topographiques, avec les courbes de niveau, en utilisant du papier millimétré, afin de dresser les plans des angles morts, des champs de tir ; ce afin de déterminer les ouvertures des créneaux de cloches, et les positions des blocs futurs et en particulier ceux du Chénois ; car en 1937 le fort du Chénois était tout petit :seuls les blocs B1 et B7- Entrées dans les bois au sud, avec la galerie équipée d’une voie ferrée à voie étroite, étaient construits, mais sans armement et sans la tourelle d’artillerie du B1. Point de B4 , B5 ,B2, B3 ; c’était le chantier ; seules les casemates de la Ferté, de Moiry , Sapogne, Christ, Thonne, Guerlette et Avioth étaient construites ; pourquoi ? peut-être par manque de sous ? ; et c’étaient ces casemates que nous gardions ; elles avaient tout l’équipement, filtres, moteur diesel à un cylindre, et les mitrailleuses Reibel à chargeurs ronds latéraux, à 450 coups/minute (« et la mémoire !?! »).Les champs de rails anti-char étaient installés, ainsi que les réseaux de fils-barbelés. J e me souviens que la casemate de Thonne pouvait tirer sur la casemate d’Avioth tant au canon qu’aux mitrailleuses, pour s’appuyer mutuellement….

-            …..Je me souviens également des gardes que nous montions tant à Christ, qu’à Thonne ; nous étions cinq hommes : un sergent chef de poste, un cuisinier volontaire, et trois sentinelles à tour de rôle …..De temps en temps, nous allions monter la garde, la nuit, au bloc B1, dépourvu de tout armement, cloches et tourelle. Des camarades ont voulu descendre dans le puits du B1 « pour aller voir » ; moi je n’ai pas voulu descendre, et je suis resté en haut ; ils sont revenus plus tard, couverts de poussière de béton…Un sous-officier faisait des rondes de jour et de nuit, faisant le tour de toutes les casemates et inscrivant heures et minutes sur un cahier ad-hoc, gardé à la casemate  ; nous faisions la popote  sur une cuisinière dans un maisonnette en bois, de 3-4 mètres sur 5, avec deux pièces, située derrière la casemate ; une servait de cuisine, et l’autre de réfectoire ; nous dormions dans la casemate sur les châlits fixés au mur. Il y en avait un, qui était mécanicien, qui de temps en temps faisait démarrer le moteur diesel de 16 cv, et comme çà , nous avions de la lumière et un peu de chauffage ;tous les deux jours , un fourgon tiré par des chevaux nous apportait les vivres.

-          Je me souviens également du soldat PY  qui allait à vélo porter les plis de casemate en casemate ; et quand nous n’étions pas de garde aux casemates, nous étions cantonnés à Signy-Montlibert, hameau de Montlibert, chez Mr Guillaume, agriculteur, et nous dormions dans une grange, sur la paille ; une fois par semaine, au sifflet de l’adjudant-chef, « le sifflet-douche », comme on l’appelait: « mouillez-vous ! savonnez-vous, lavez-vous, sortez », nous prenions la douche dans les locaux-ateliers situés à l’entrée de Montlibert ! (« ils y sont toujours ») ….Je me souviens également du chef du 147eme RIF : colonel PINEAU ; tout çà, c’était il y a « seulement 71 ans « ; il y a longtemps »….Il me vient à l’esprit encore, qu’il y a quelqu’un comme moi, pas jeune,96 ans, qui était au Chénois ou dans le coin, et qui doit demeurer  vers Arreux ou Montcornet. »

 Monsieur Maurice MATHIEU est parti récemment à l ' âge de 100 ans, hiver 2015.....avec sa mémoire et son amabilité.....

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-          Propos recueillis par Richard TUCKER, vice-président, SARDA Christian-Marie, secrétaire, et Jacqueline BIELLI-ROGER, Webette , 19 aout 2010.

        N43,ateliers-douches de Montlibert      Aateliers;bloc-mitrailleuses/contre-pente

      Village de Signy-Montlibert, RN 43,limite Ardenne-Meuse;ateliers-cuisine-douches-dépôt du fort du Chénois et des casemates;au bout de la RN: bois de la casemate de Sainte-Marie;petits arbres dans prés,à contre-pente:bloc Barbeyrac à deux Hotchkiss,champ de tir paralléle à la route;un bloc tous les 500 mètres environ;sur la crête: réseau fils et rails Maginot;minuscule point sur ligne de crête entre la tour de l'atelier et arbrisseaux:GFM de  case.Sapogne; touffe de bois dans le prolongement de la route RN 43: bois , golf, casemate de Sainte-Marie, faisant face à l'est, vers casemate de Sapogne, un km plus loin; toutes deux installées sur la ligne de crête, comme la B 4 du Chénois

 Le casernement " de sureté" est installé , avec des ateliers, dans le village de Signy-Montlibert ; le casernement de Bièvres, en chantier depuis 1938, était destiné à loger les gens de la Ferté, du Chesnois et des casemates de ligne ; les batiments abandonnés de Bièvres sont propriétés d'un agriculteur , certains sont à la ruine; dommage , car c'est l'architecture , belle, et avant-gardiste de 1935- 1938 , dans le genre des immeubles H.L.M  du " tour des forifications de Paris" , immeubles érigés entre 1930 et 1940 sur les " fortifs" , comme d'ailleurs " le périph" , boulevards périphériques....( et au-delà , derrière, c' était " la Zone")...Des immeubles militaires similaires parsèment les arrières de la Ligne : Saint Jean les Longuyon , devenu caserne -air canadienne - base air de Marville, puis zone artisanale, Ban st Jean ; dans le sud-est , on peut voir , même d'avion de ligne- à 10000 Mètres!- " l 'Hotel" caserne du Monte-Grosso ,Sospel , et la caserne du Lavoir - Charmais-Modane , le G.O Lavoir avec Pas du Roc , barrant tous deux les hauts de la Vallée Etroite et les cols du Fréjus, de la Roue,etc; au sujet du Monte-Grosso : honte, honte ! /En 1985 , il était entier ; actuellement , çà n'est plus le cas; l'armée l'a abandonné , et bien que la route stratégique soit longue-14km- et dure - caillasses et blocs!- les pillards sont arrivés , tels Zorro , mais pas pour la bonne cause; et on laisse faire!

 

 - Commentaires personnels : il semblerait qu’après 1936,- remilitarisation de la Rhénanie ,puis neutralité de la Belgique,- l’extension de la ligne vers l’Ouest s’accentue ; mais cette extension, certainement non planifiée tant sur le terrain que budgétairement, induit que la Ligne Maginot «  part à l’aventure » : on pare au plus pressé, et par exemple, sur la tête de pont de Montmédy, on construit la ligne de casemates, les réseaux-barbelés, les réseaux antichar, et seulement une amorce de fort d’artillerie, le Chénois, mais seulement en embryon, et pas dans un plan d’ensemble, bien que les blocs soient déjà numérotés :B 1 , B7 ; donc il devait y en avoir cinq de plus ; il n’y en aura que quatre en plus, le B6, prévu, ne sera jamais construit, avec sa tourelle à deux canons de 75mm modèle 1933, trop moderne et trop coûteuse.Il est vrai qu’en plus, le sous-sol du Chénois a réservé beaucoup de surprises aux constructeurs, car le bas du fort à B7 Entrées est situé dans un thalweg-éponge, transformant usine et galeries proches en quasi-sous-marin. Et comme il n’y a  plus de sous (nous sommes après 1936, et les prix à l’exportation ont grimpé, et, étant moins avantageux, il y a de moindres quantités de rentrées de devises ! çà n’est pas de la politique, c’est de l’économie (un sou égale un sou ! ; dans n’importe quel pays ! sauf en volant). En conséquence , on racle les fonds de tiroirs :puisqu’il y a douze tourelles de 75mm modèle 1905 alloties à Verdun, dans les stocks, on les ressort, et on les trafiquote pour les moderniser avec des petits canons de 25mm anti-char (et Reibel) en lieu et place des tubes de 75 qui tirent «  en aveugle » (les commandes sont « en bas », et non dans la tourelle, près des tubes, donc pas de visée et de tir directs) ; B 1 en est équipé, comme Vélosnes, Thonnelle,  la Ferté, et les P.O du Nord et vers Bitche. Ce qui a entrainé une Ligne Maginot autre, la Tête de Pont de Montmédy, d’un autre modèle, d’une deuxième génération, n’ayant que peu de comparaison avec sa « sœur » de Lorraine et d’Alsace « lourde » « de premier lit » : raison supplémentaire pour préserver UN exemplaire unique de cette architecture militaire unique :le fort du Chénois!  C’est notre tâche.

  En effet, de tous les deux gros forts de la Tête de Pont de Montmédy : le Chénois et Vélosnes, tous deux dans le département de la Meuse, et les plus à l’ouest de la ligne, seul le Chénois est encore en partie « libre », puisque Vélosnes a été entièrement acquis, d’une certaine manière pour les chiroptères par le Conservatoire lorrain. ( "et aussi ,  d'une certaine façon : l'entrée du fort est sur Othe , Meurthe et Moselle - le bec de canard- et le fort est sur la commune de Vélosnes, département de la Meuse, les Vélosnais n'ayant jamais été concerté ! donc, à ce jour , il y a des mécontents dans les maisons de Vélosnes; Vélosnes est face à Torgny- Belgique- à 500 mètres" ; ceci expliquant un peu celà ...Mais , chut- chut!) -

   Donc, il faut préserver le fort du Chénois.( et veiller à ce que le droit soit respecté; car , quand le droit n'est plus respecté ...on ne respecte plus rien ...)

 

 (Peut-être que la cage d’escalier –menant à rien- de la casemate de Sapogne, était une amorce de galerie menant au Chénois, à un km de là, en « se cherchant » à se construire ; il ne faut oublier que le dernier gros fort, prévu, terrains expropriés ,piquetés, fouillés, se trouve à Vaux-les-Mouzon /Amblimont ;exactement sur l’ultime position la plus au Nord-est de la ligne Hindenburg, de 1917 ;bizarre coïncidence …

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